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L'entreprise française face aux charges. Mythe ou réalité? (1)

11 Novembre 2018 , Rédigé par Stéphane van Huffel

Il est un fait, indubitable, qu'une collectivité doit être financée afin de fournir aux citoyens qui la composent sécurité, couverture santé, éducation et protection sociale. A fortiori dans un monde ouvert dont l'économie de marché est la mécanique globale régissant les rapports entre états.

La France possède l'un des systèmes les plus complexes et quoi que l'on en dise l'un des plus efficaces. Il est de loin bien plus agréable de vivre dans notre pays que dans bon nombre d'autres. 

En revanche, une grande partie du fonctionnement de notre "Etat" peut et doit être discuté. En particulier, son financement.

Tout d'abord, il est grand temps qu'une vérité s'impose aux salariés français : ce ne sont pas les entreprises qui paient trop de charges...ce sont eux, les salariés. Car les charges, salariales (différence entre salaire net et salaire brut) et patronales (entre brut et coût réel pour l'entreprise) atteignent en moyenne plus de 50% du montant sonnant et trébuchant qu'un français empoche en fin de mois.

Au-delà du débat (très intéressant également) de la sclérose que peut engendrer la politique salariale française sur le niveau d'embauches des entreprises hexagonale (en particulier la favorisation de charges allégées pour les plus bas salaires entrainant une paupérisation du tissu social), c’est la responsabilisation des salariés qui est remise en cause, voire totalement ignorée. Il est aisé de comprendre que la philosophie du système étatique, reposant sur des bases issues du lendemain de la seconde guerre mondiale où la France était à reconstruire et alors que la protection sociale était quasi inexistante, ne pouvait être réfléchie autrement. Un taux d’alphabétisation encore trop faible, une qualification technique en retard, une lutte des classes clivante, tant de bonnes raisons pour que l’Etat Français prenne les « choses en main ».

Mais aujourd’hui, pour une France plus éduquée quoi que l’on en pense, plus connectée et dont le tissu économique reste l’un des plus solides de la planète, ne serait-il pas tant de repenser le rôle du salarié dans sa propre protection sociale, afin avant tout de continuer à maintenir un niveau satisfaisant de solidarité pour les plus fragiles. Car si rien n’est fait, ce sont les plus faibles qui pâtiront de la disparition programmée de l’un des piliers qui fait le France éternelle.

Alors, peut-on envisager de mettre sur la table l’idée de réduire une part des charges prélevées, non pas au profit des marges des entreprises mais au profit du net à payer à chacun des salariés qui participe par son travail à la croissance collective ? C’est l’un des paradoxes français les plus criants ; au pays de la relance keynesienne, ce sont les pouvoirs publics, indirectement puisqu’une grande (trop !) part des sommes en jeu est gérée par les syndicats, qui se chargent de la redistribution. Ineptie économique et philosophique s’il en est.

Il est temps que notre pays s’équipe d’un réel système d’épargne privée, toujours maîtrisé par l’Etat, mais dont la gestion, les choix d’orientation et le budget seraient en partie confiés aux acteurs les plus concernés : nous !

Les exemples plutôt satisfaisants ne manquent pourtant pas. Du Plan d’Epargne Retraite Populaire (PERP) au Plan d’Epargne Entreprise (PEE) en passant par les lois Madelin pour les non-salariés, il existe déjà un univers de dispositifs incitatifs responsabilisants pour les français et les impliquant à la fois dans la vie de la cité et dans la vie de leur entreprise.

Et si la réflexion pouvait se faire sur une base européenne en partageant les expériences de nos voisins et partenaires, cela ouvrirait la voie à une harmonisation globale de la position du travailleur, salarié ou non, dans l'espace économique qui devrait être le premier.

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J
"l'un des plus efficaces": vous êtes sûr ? Plus efficace que l'état Finlandais, Danois, Suisse, Hollandais, Autrichien ou Canadien ?? On aurait les gilets jaunes si le système social français était le plus efficace ?
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